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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/40

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IIII

Le vingtiesme d’Avril couché sur l’herbelette,
Je vy ce me sembloit, en dormant un Chevreuil,
Qui çà, qui là marchoit où le menoit son vueil,
Foulant les belles fleurs de mainte gambelette.
Une corne et une autre encore nouvelette
Enfloit son petit front d’un gracieux orgueil :
Comme un Soleil luisoit la rondeur de son œil,
Et un carquan pendoit sous sa gorge douillette.
Si tost que je le vy, je voulu courre apres,
Et luy qui m’avisa, print sa fuite és forests,
Où se mocquant de moy, ne me voulut attendre :
Mais en suivant son trac, je ne m’avisay pas
D’un piege entre les fleurs, qui^me lia les pas :
Ainsi pour prendre autruy, moymesme me feis prendre.


BELLEAU Le vingtiesme d’Avril.) Il descouvre par une gentille allegorie le lieu et la saison, en laquelle il commença à faire l’amour à sa dame, disant que le vingtiesme d’Avril estant couché sur l’herbe, et pressé de sommeil, il songea voir un Chevreuil courant par la prée, ayant un carquan pendu au col, et portant deux petits cornichons, qui ne commençoient qu’à poindre, entez sur son front eslevé,