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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 3.djvu/130

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II. LIVRE DES ODES

  Dieux ! si là haut pitié demeure,
Pour recompense qu’elle meure,
    Et ses os diffamez
Privez d’honneur de sépulture,
Soient des oiseaux goulus pasture,
    Et des chiens affamez.

A LA FOREST
de Gastine.

ODE XVII.

Couché sous tes ombrages vers
Gastine, je te chante
Autant que les Grecs par leurs vers
La forest d’Erymanthe.
Car malin, celer je ne puis
A la race future
De combien obligé je suis
A ta belle verdure :
Toy, qui sous l’abry de tes bois
Ravy d’esprit m’amuses,
Toy, qui fais qu’à toutes les fois
Me respondent les Muses :
Toy, par qui de ce meschant soin
Tout franc je me délivre.
Lors qu’en toy je me pers bien loin.
Parlant avec un livre.
Tes bocages soient tousjours pleins
D’amoureuses brigades,
De Satyres et de Sylvains,
La crainte des Naiades.
En toy habite désormais
Des Muses le college.
Et ton bois ne sente jamais
La flame sacrilège.