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IV. LIVRE DES ODES

En bien servant fait son devoir)
Ne reçoit point ce qu’il demande.

  La race en amours ne sert rien.
Ne beauté, grâce, ne maintien :
Sans honneur la Muse gist morte :
Les amoureuses du jourd’huy
En se vendant, aiment celuy
Laid ou beau, qui le plus apporte.

  Puisse mourir meschantement
Qui l’or trouva premièrement :
Par luy le frere n’est pas frere.
Le pere n’est pas pere seur.
Par luy la sœur n’est pas la sœur.
Et la mere n’est pas la mere.

Par luy la guerre et le discord,
Par luy les glaives et la mort.
Par luy viennent mille tristesses :
Et qui pis est, nous recevons
La mort par luy, nous qui vivons
Amoureux d’avares maistresses.


ODELETTE XLI.

  Janne, en te baisant tu me dis
Que j’ay le chef à demy gris,
Et tousjours me baisant tu veux
De l’ongle oster mes blancs cheveux
Comme s’un cheveul blanc ou noir
Pour baiser eust quelque pouvoir.

  Mais Janne tu te trompes fort :
Un cheveul blanc est assez fort
Au seul baiser, pourveu que point
Tu ne veuilles de l’autre point.


ODE XLII.

Verson ces roses près ce vin.
Près de ce vin verson ces roses,