Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 4.djvu/15

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LE PREMIER LIVRE DES POEMES de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. A L’UNIQUE PERLE DE FRANCE, la Royne de Navarre. SONET. Comme de cent beautez la vostre se varie, Ce livre qui vous est humblement dedié, Est de mille sujets differents varié, Telles qu’on voit en May les fleurs d’une prairie. J’ay vostre Royauté pour defense choisie, A fin que mon labeur ne soit point oublié, Ny du peuple repris, mordu ny envié, Tant vostre Majesté luy donnera de vie. Madame, je sçay bien que ce petit Tableau Que je sacre à voz pieds, n’est ny riche ny beau : Vous seule en estes cause, ô beauté nompareille ! Quand je voy de voz yeux les feux estinceller, Tant s’en faut que je puisse ou escrire, ou parler, Que je deviens rocher de crainte et de merveille. COMPLAINTE à la Royne Mere du Roy. Royne, qui de vertus passes Artemisie, Et celles du vieil temps, qui par la Poesie Et par l’aide immortel des bons Historiens Mortes ont survescu les siecles anciens : Et femmes ont passé les hommes de leur âge En puissance, en conseil, en prudence, en courage, Monstrant à leurs sujets de parole et de fait La vertu de leur sexe invincible et parfait.