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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 5.djvu/17

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LES ELEGIES

De P. de RONSARD

GENTIL-HOMME VANDOMOIS

AU ROY HENRY III

Si l’honneur de porter deux Sceptres en la main, Commander aux Françoys et au peuple Germain Qui de l’Ourse Sarmate habite la contrée : Si des Venitiens la magnifique entrée, Si avoir tout le front ombragé de Lauriers, Si avoir pratiqué tant de peuples guerriers, Tant d’hommes, tant de mœurs, tant de façons estranges : Si revenir chargé de gloire et de louanges, Si ja comme un Cesar concevoir l’Univers, Vous a fait oublier le chantre de ces vers, Roy dont l’honneur ne peut s’amoindrir ny s’accroistre, Sans vous dire son nom vous le pourrez cognoistre. C’est Prince, c’est celny qui d’un cœur courageux Grimpa dessus Parnasse en croupes ombrageux, Importunant pour vous les filles de Memoire, Quand Dieu pres de Jarnac vous donna la victoire, Quand vostre bras armé fut le jour des François, Quand la Charante, fleuve au peuple Sainctongeois, Vous veit presque sans barbe, ainsi qu’un jeune Achille Foudroyer l’ennemy sur sa rive fertille, Remirant en ses eaux voz armes et l’esclair De vostre morrion et de vostre bouclair, Qui flamboient tout ainsi que fait une Comete, Qui glissant par le ciel d’une crineuse traite Tombe dessus un camp, et va signant les cieux De cheveux rougissans d’un feu presagieux. Ce fut quand vostre main à craindre comme foudre, Fist à la gent mutine ensanglanter la poudre :