Aller au contenu

Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 6.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

EPISTRE

D’Estienne Jodbllë Parisien,

à Madame Marguerite,

Duchesse de Savoye.

Si desormais vers toy, sous qui doit estre serve L’impudente Ignorance, on adresse ô Minerve, Tant d’œuvres avortez, à qui leurs peres font Porter effrontément ton beau nom sur leur front : Comme si lon vouloit sa sauvegarde faire Sous la targue qu’on voit au poing de l’adversaire : Si mesme dans ton Temple impatient je voy Quelque enroué Corbeau croiiasser devant toy, Qui se poussant au rang des Cygnes les plus rares Vienne souiller ton nom dedans ses vers barbares, Et qui tout bigarré d’un plumage emprunté, Ne couche jamais moins qu’une immortalité : Je ne seray point moins despit, ny noz Charites Tes neuf sçavantes Sœurs ne seront moins despites, Que si nous avions veu dans ton Temple Troyen Ou Ajax Oïlée, ou le Laertien, L’un pour forcer encor ta Prestresse Cassandre, L’autre pour ton portrait gardien vouloir prendre D’une sanglante main, indigne de toucher A cela que la Troye avoit tenu si cher : Car pareil à ceux-cy est celuy qui s’efforce De bon gré maugré faire aux Muses toute force. C’est en lieu de gouster sur Parnasse les eaux Des Muses, avaller la bourbe des ruisseaux, Pour d’une main souillée au bourbier d’ignorance Toucher au sacré loz d’un Pallas de France, Faisant tort à ton Temple, à moy ton Prestre saint, Voire à son nom qu’on voit dés sa naissance esteint. Mais aussi quand je sçay qu’un Ronsard qui estonne Et contente les Dieux, à qui ses vers il donne, Ronsard, t. VI.

i