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I. LIVRE DES AMOURS

Priam. Le Roy Laomedon.) Laomedon fut pere à Priam : duquel les Poëtes disent, qu’il fut homme fort parjure et de mauvaise foy. Lors qu’il bastissoit sa ville de Troje, deux dieux, c’est à sçavoir, Neptune et Apollon, qui pour lors estoient privez de leur divinité, convindrent avec luy à certain pris pour chacun an, pour luy ayder à la bastir. Apres que l’œuvre fut parachevée, et que ces pauvres dieux s’en vindrent demander leur salaire, non seulement il leur refusa, ains les menassa, si plus ils le venoient importuner, qu’il leur feroit à tous deux couper les oreilles, et les envoyeroit liez et garrottez de piedz et de mains en quelques isles loingtaines. Ainsi le raconte Homère au vingt-unième de l’Iliade [443-457]. Ces dieux furent tellement courroucez, que Apollon luy envoya la peste : Neptune fît desborder la mer jusques dans la ville. Et fut respondu par l’oracle, que cela ne pouvoit estre appaisé, sinon que les citoyens donnassent chacun an une pucelle, pour estre dévorée par un monstre marin. Ce qu’ils firent, se voyans réduits à extrémité : et choisissoient les pucelles par sort. Advint que le sort tomba sur une fille à Laomedon, nommée Plesione. Parquoy ils la prindrent, et l’attachèrent toute nuë à un rocher près du rivage, auquel ils avoient coustume de lier les autres. Ainsi qu’elle estoit là, n’attendant sinon que le monstre vint pour la dévorer, Hercule passant là auprès, et entendant comme elle se lamentoit, esmeu à pitié, non seulement la délivra, mais aussi mit à mort le monstre. Laomedon luy offrit pour recompense trente chevaux, que Jupiter luy avoit donnez. Hercule, qui alloit au voyage de la toison dor, le remercia pour l’heure, et luy dist, qu’il les prendroit à son retour. Quand il revint pour les reprendre, Laomedon les luy refusa : dequoy Hercule estant courroucé, mist à sac la ville de Troye. La fable est en partie dans Valere Flacque au second des Argonautiques [450-580], en partie dans Homère au cinquième de l’Iliade [640]. Le Poëte dit, qu’il a peur que les yeux de sa dame tiennent de la race de Laomedon, c’est à dire, qu’ils soyent trompeurs.

BIBLIOGRAPHIE

Amours. 1552, 17 ; 1553, 27 ; 1567. I, 20 ; 1571,-2, 46 ; 1578, 45. — 1587, 1592, 27 ; 1604, 1610, 1629, 28.