Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/13

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Tel fut Ronsard, auteur de cet ouvrage ;
Tel fut son œil, sa bouche et son visage,
Portrait au vif de deux crayons divers :
Ici le corps, et l’esprit dans ses vers.

L’art, la nature exprimant,
En ce portrait me fait belle,
Mais si ne suis-je point telle
Qu’aux écrits de mon amant.



SONNET DE CL. GARNIER.
(Édition de 1623.)


Voici les deux amants qui renomment la France
De même qu’ils étaient en la fleur de leurs ans :
Voici l’objet divin d’un si riche printemps
Où les dieux avaient mis leur plus chère influence.


Mais quoi ? rien n’est durable, il faut que toute essence
Éprouve l’infortune et l’injure du temps :
Ils ont fini leur course, et leurs rais éclatants
Ont vu tomber leur gloire au fond de l’oubliance.


Leur gloire, ha ! qu’ai-je dit ? tant que les jours seront,
Et tant qu’au firmament les astres flamberont,
Elle aura par la muse une éternelle vie.


Le temps met comme il veut les empires à bas ;
Ilion n’est plus rien, sa grandeur est finie,
Mais le savoir d’Homère a vaincu le trépas.