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LE


SECOND LIVRE DES SONNETS


DE P. DE RONSARD,


POUR HÉLÈNE.


I.


Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,
Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours.
J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
Qui croîtront à l’envi de l’écorce nouvelle[1].

Faunes, qui habitez ma terre paternelle,
Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
Favorisez la plante et lui donnez secours,
Que l’été ne la brûle et l’hiver ne la gèle.

Pasteur, qui conduiras en ce lieu ton troupeau,
Flageollant une églogue en ton tuyau d’aveine[2],
Attache tous les ans à cet arbre un tableau,

Qui témoigne aux passants mes amours et ma peine :
Puis, l’arrosant de lait et du sang d’un agneau,
Dis : Ce pin est sacré ; c’est la plante d’Hélène[3].

  1. …crescent illæ, crescetis amores.
    (Virg., Idyl. X.)
  2. Aveine : du latin avena, chalumeau.
    Silvestrem tenui musam meditaris avena.
    (Virg., Idyl. I.)
  3. Ce sonnet est une imitation de Théocrite.
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