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VIE

C’est à ce voyage qu’il faut rapporter les premières études sérieuses de Ronsard et ses premiers essais poétiques. Un gentilhomme écossais l’initie à la connaissance de Virgile et d’Horace, et déjà il s’exerce à les traduire en vers. L’amour du pays le ramène en France, où le duc d’Orléans, l’accueillant avec bonté, le chargea de quelques missions pour la Flandre et la Zélande, avec ordre de passer jusqu’en Écosse. Dans ce voyage entrepris avec un jeune seigneur français nommé Lassigny, il faillit périr par un naufrage. La fortune de la France protégea « notre futur Arion, » et il revint reprendre sa charge auprès du duc d’Orléans. A la mort de ce prince, il passa au service de Henri, depuis Henri II, et fut donné comme compagnon à Lazare de Baïf, qui s’en allait en ambassade à la diète de Spire. Le commerce de cet homme distingué, la société de Charles Estienne, son médecin, ranimèrent chez Ronsard, alors âgé de seize ans, avec le désir de s’instruire, le goût des nobles travaux, et l’on pouvait déjà soupçonner :

Que cette fleur un beau fruict promettoit.

(Ant. de Baïf.)

Il n’est pas sans intérêt de remarquer qu’à la connaissance de l’anglais, qu’il avait parlé familièrement, Ronsard joignit l’étude de la langue allemande. Il fit encore un voyage en Piémont, pour le service du roi, avec M. de Langey, et vint enfin rejoindre la cour, qui se tenait alors à Blois. Une maladie grave, occasionnée par les fatigues qu’il avait éprouvées dans sa première jeunesse, changea tout à coup les résolutions de Ronsard et sa destinée entière. A la suite d’une fièvre violente, il devint sourd, et cette incommo-