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Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/31

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DE P. DE RONSARD.

le précepte que Boileau donne plus tard aux poëtes :

Cultivez vos amis, soyez homme de foi ;
C’est peu d’être agréable et charmant dans un livre,
Il faut savoir encore et converser et vivre.

Nous avons parlé de ses opinions religieuses ; il a peut-être poussé la piété jusqu’à l’exaltation, et partagé le fanatisme dont il était bien difficile de se défendre sous les règnes de Charles IX et de Henri III. « Il avait envie, si la santé et la Parque l’eussent permis, » d’écrire un poëme chrétien sur la naissance du monde, et il en avait commencé un, de la Loi divine, dédié à Henri de Navarre.

Ronsard eut une âme véritablement poétique ; il eut le sentiment et l’amour de la nature, qui manqua trop souvent aux poëtes du dix-septième siècle, si nous exceptons la Fontaine. Jeune encore, il se plaît à courir les prairies, à se perdre dans l’ombre des bois, à suivre les Muses sous les verts bocages ou près des fontaines limpides :

Flumina amem, silvasque inglorius…
… O qui me gelidis in vallibus Hæmi
Sistat, et ingenti ramorum protegat umbra !

(Virg., Georg., II.)

C’est le sentiment qui perce en mille endroits de ses ouvrages :

Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées,
Dans les hautes forests des hommes reculées,
Dans les antres secrets de frayeur tout couvers,
Sans avoir soin de rien, je composois des vers.
Echo me respondoit et les simples Dryades,
Faunes, Satyres, Pans, Napées, Oréades,

2.