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SONNET DE CL. GARNIER.


Voici les deux amants qui renomment la France,
De même qu’ils étaient en leurs plus jeunes ans :
Voici l’objet divin d’un si riche printemps,
Où les dieux avaient mis leur plus chère influence.

Mais quoi, rien n’est durable, il faut que toute essence
Eprouve l’infortune et l’injure du temps :
Ils ont fini leur course, et leurs rays éclatants
Ont vu tomber leur gloire au fond de l’oubliance.

Leur gloire, ha ! qu’ai-je dit, tant que les jours seront,
Et tant que par la nuit les astres flamberont,
Elle aura par la muse une éternelle vie.

Le temps met[1] comme il veut les empires à bas,
Ilion n’est plus rien, sa grandeur est finie,
Mais le savoir d’Homère a vaincu le trépas.

  1. Le temps met : le dernier tercet a le mérite d’avoir précédé ces beaux vers qui sont dans toutes les mémoires :
    Trois mille ans ont passé sur la cendre d’Homère,
    Et, depuis trois mille ans, Homère respecté
    Est jeune encor de gloire et d’immortalité.
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