Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
32
LE PREMIER LIVRE


VII


Quand en naissant la dame que j’adore,
De ses beautés vint embellir les cieux,
Le fils de Rhée appela tous les dieux,
Pour faire d’elle encore une Pandore.

Lors Apollon de quatre dons l’honore,
Or’de ses rais[1] lui façonnant les yeux,
Or’lui donnant son chant mélodieux,
Or’son oracle, et ses beaux vers encore.

Mars lui donna sa fière cruauté,
Vénus son ris, Diane sa beauté,
Pithon[2] sa voix, Cérès son abondance ;

L’Aube ses doigts et ses crins déliés[3],
Amour son arc, Thétis donna ses pieds[4],
Clion sa gloire, et Pallas sa prudence.


  1. Or de ses rais : tantôt de ses rayons ; ores, de l’italien ora
  2. Déesse de l’éloquence.
  3. Ses crins déliés : ses fins cheveux : du latin crines ; l’aube est nommée chez les poëtes ῥοδοδάκτυλος et εὐπλόκαμος.
  4. Thétis donna ses pieds : Thétis est appelée dans Homère ἀργυρόπεζα


VIII


Pour te servir, l’attrait de tes beaux yeux
Force mon âme, et quand je te veux dire
Quelle est ma mort, tu ne t’en fais que rire,
Et de mon mal tu as le cœur joyeux.