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Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/52

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Vallons bossus et plages blondoyantes,
Et vous rochers, les hôtes de mes vers ;

Puisqu’au partir, rongé de soin et d’ire,
À ce bel œil adieu je n’ai su dire,
Qui prés et loin me détient en émoi,

Je vous suppli', ciel, air, vents, monts et plaines,
Taillis, forêts, rivages et fontaines,
Antres, prés, fleurs, dites-le lui pour moi.



XVI.


Petit barbet, que tu es bienheureux,
Si ton bonheur tu savais bien entendre,
D’ainsi ton corps entre ses bras étendre,
Et de dormir en son sein amoureux !

Où moi je vis chétif et langoureux,
Pour savoir trop ma fortune comprendre :
Las ! pour vouloir en ma jeunesse apprendre
Trop de raisons, je me fis malheureux.

Je voudrais être un pitaut[1] de village,
Sot, sans raison, et sans entendement,
Ou fagoteur qui travaille au bocage.

Je n’aurais point en amour sentiment ;
Le trop d’esprit me cause mon dommage,
Et mon mal vient de trop de jugement.


  1. Pitaut : rustre, paysan grossier.


XVII.


Si je trépasse entre tes bras, ma dame,
Je suis content : aussi ne veux-je avoir