Il est bien vrai que le trait de ma face
Me reste encor, mais l’esprit délié
Pour vivre en vous a son corps oublié,
Me laissant seul comme une froide masse.
Aucunefois quand vous tournez un peu
Vos yeux sur moi, alors je sens un feu
Qui me ranime et réchauffe les veines,
Et fait au froid quelque petit effort.
Mais vos regards n’allongent que mes peines,
Tant le premier fut cause de ma mort[* 1] !
- ↑ L’idée appartient à Pétrarque. Sonetti in Vita di Laura, 39.
XXIV.
Je vis ma nymphe entre cent damoiselles,
Comme un croissant[1] par les menus flambeaux,
Et de ses yeux, plus que les astres beaux
Faire obscurcir la beauté des plus belles[* 1] ;
Dedans son sein les grâces immortelles,
La gaillardise[2] et les frères jumeaux[3]
Allaient volant comme petits oiseaux
Parmi le vert des branches plus nouvelles.
Le ciel ravi, qui si belle la voit,
Roses et lis et guirlandes pleuvoit[4]
Tout au rond[5] d’elle au milieu de la place.
- ↑ Ce premier quatrain est emprunté à Pétrarque Sonetti in Vila di Laura, 163.