Et cet oiseau[1] qui ses plaintes résonne[2],
Au mois d’avril soupirant toute nuit[3] :
Et la barrière où quand le chaud s’enfuit,
Ma dame seule en pensant s’arraisonne[4],
Et ce jardin où son pouce moissonne
Toutes les fleurs que Zéphyre produit :
Et cette danse[5] où la flèche cruelle,
M’outre-perça, et la saison nouvelle
Qui tous les ans refraîchit mes douleurs,
Le même jour, la même place et l’heure,
Et son maintien qui dans mon cœur demeure,
Baignent mes yeux de deux ruisseaux de pleurs[* 1].
XXVII
Je parangonne[1] à ta jeune beauté.
Qui toujours dure en son printemps nouvelle.
Ce mois d’avril qui ses fleurs renouvelle,
En sa plus gaie et verte nouveauté[2].
Loin devant toi fuira la cruauté :
Devant lui fuit la saison plus cruelle.
Il est tout beau, ta face est toute belle :
Ferme est son cours, ferme est ta loyauté :
Il peint les bords, les forêts et les plaines,
- ↑ Presque toutes les images de cette pièce sont tirées du sonnet 68 de Pétrarque, In Vita di Laura.