Heureuse fut l'étoile fortunée,
Qui d'un bon œil[1] ma maîtresse aperçut;
Heureux le bers[2] et la main qui la sut
Emmaillotter le jour qu'elle fut née !
Heureuse fut la mamelle en-mannée[3]
De qui le lait premier elle reçut :
Et bien heureux le ventre qui conçut
Telle beauté de tant de dons ornée.
Heureux parents qui eûtes cet honneur
De la voir naître un astre de bonheur;
Heureux les murs , naissance de la belle !
Heureux le fils dont grosse elle sera,
Mais plus heureux celui qui la fera
Et femme et mère en lieu d'une pucelle[* 1] !
Ce ris plus doux que l’œuvre d’une abeille[1],
Ces dents ainçois deux remparts argentés
Ces diamants à double rang plantés
Dans le corail de sa bouche vermeille:
Ce doux parler qui les âmes réveille,
- ↑ le miel
- ↑ Les idées sont prises d’Ovide, Métam. IV, 321