Jusqu’aux enfers l’orgueil précipiter.
Pource, orgueilleuse, échappe cet orage[1],
Dedans mes pleurs attrempe[2] ton courage,
Sois pitoyable, et guéris ma langueur.
Toujours le ciel, toujours l’eau n’est venteuse[3],
Toujours ne doit ta beauté dépiteuse[4]
Contre ma plaie endurcir sa rigueur[* 1].
- ↑ Cet éloge des prières est tiré du IXe chant de l’Illiade. Phénix représente à Achille le pouvoir des prières.
XXXV.
Que toute chose en ce monde se mue[1],
Soit désormais Amour soulé de pleurs [2],
Des chênes durs puissent naître les fleurs,
Au choc des vents l’eau ne soit plus émue ;
Le miel d’un roc contre nature sue,
Soient du printemps semblables les couleurs.
L’été soit froid, l’hiver plein de chaleurs,
Pleine de vents ne s’enfle plus la nue :
Tout soit changé, puisque le nœud si fort
Qui m’étreignait, et que la seule mort
Devait trancher, elle a voulu défaire.
Pourquoi d’Amour méprises-tu la loi ?