Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/71

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Qui sans raison me mena commencer
Le chapelet d’une danse si folle.

Depuis cinq ans hôte de ce verger,
Je vais balant[1] avecque Faux-danger[2],
Tenant la main d’une dame trop caute[3].

Je ne suis seul par amour abusé ;
À ma jeunesse il faut donner la faute :
En cheveux gris je iserai plus rusé[* 1].


  1. Balant : baler, danser ; d’où bal.
  2. Faux-danger : autre personnage du Roman de la Rose.
  3. Caute : rusée, du latin cautus


  1. (*) Ce sonnet est inspiré à Ronsard par le Roman de la Rose, dont il faisait une de ses lectures favorites.



XLII.[* 1]


Toujours des bois la cime n’est chargée
Du faix neigeux d’un hiver étemel ;
Toujours des dieux le foudre criminel[1]
Ne darde en bas sa menace enragée.

Toujours les vents, toujours la mer Egée
Ne gronde pas d’un orage cruel,
Mais de la dent d’un soin continuel
Ma pauvre vie est toujours outragée ;

Plus je me force à le vouloir tuer,
Plus il renaît pour mieux s’évertuer
De féconder une guerre en moi-même.

O fort Thébain[2] ! si ta serve vertu[3]

  1. Criminel : qui punit les crimes. Cet adjectif en français a le sens actif et passif comme on le voit par cette expression : lieutenant criminel
  2. O fort Thébain : Hercule, dompteur des monstres et célèbre par ses douze travaux.
  3. Serve : esclave, obéissante aux ordres d’Eurysthée


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