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CONTINUA. DES AMOURS

Qui rit parmi les prés, et d'ouir les oiseaus,
D'ouir par le pendant des colines les eaus,
Et des vents du printems le gracieus murmure,
   Quand celle qui me blesse, et de mon mal n'a cure
Est absente de moi, et pour croistre mes maus
Me cache la clarté de ses astres jumeaus,
De ses yeus, dont mon coeur prenoit sa nourriture?
   J'aimeroi beaucoup mieus qu'il fust hyver tousjours,
Car l'hyver n'est si propre à nourir les amours
Comme est le renouveau, qui d'aimer me convie,
   Ainçois de me hayr, puis que je n'ay pouvoir
En ce beau mois d'Avril entre mes bras d'avoir
Celle qui dans ses yeus tient ma mort et ma vie.

Sonetz en vers de dix à onze syllabes

Je ne saurois aimer autre que vous,
Non, Dame, non, je ne saurois le faire:
Autre que vous ne me sauroit complaire,
Et fust Venus descendue entre nous.
   Vos yeus me sont si gracieus et dous,
Que d'un seul clin ils me peuvent defaire,
D'un autre clin tout soudain me refaire,
Me faisans vivre ou mourir en deux cous.
   Quand je serois cinq cens mille ans en vie,
Autre que vous, ma mignonne m'amie,