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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/78

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Puis m’aportant deſſus tes ailles
Tout le fard de ces fleurs nouuelles,
I’apandrai ſur ce ruiſſelet,
(Qui doucement argentelet,
Coule de la roche pierreuſe
Au long de ceste riue herbeuſe)
Et mon bonnet & mon chappeau
En ton honneur, a ce rameau :
Et chantant au frais de l’ombrage,
I’empeſcherai que nul outrage
Ne te ſoit fait ſur le mi- iour
Par les enfans, quand de retour
Ils font des chans, & que leur chaſſe
A coups de chapeaus te pourchaſſe,
Et tous échaufés a grans pas
Courent pour t’aterrer en bas,
Haſtante & rehaſtant leur ſuitte
Apres ton inconstante fuitte,
Pour ton voler trop incertain
Qui trompe leurs yeus & leur main.

Et ſi tu fais que la nuit ſombre
Te puiſſe tirer de l’encombre
Des enfans, encor qu’il fust tard
Va-ten, mignon, a mon Ronſard
Que i’aime mieus que la lumiere
De mes yeus, & dont ſe tient fiere
Ma muſe, car il daigne bien
Lire mes vers qui ne ſont rien.
Tu le troûuras deſſus Nicandre,
Sur Callimach, ou ſur la cendre