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L

Bien que l’esprit humain s’enfle par la doctrine
De Platon qui le vante influxion des Cieux,
Si est-ce sans le corps qu’il seroit ocieux,
Et auroit beau louer sa céleste origine.

Par les Sens l’ame voit, ell’oyt, ell’imagine,
Eir a ses actions du corps officieux :
L’esprit incorporé devient ingénieux,
La matière le rend plus parfait et plus digne.

Or vous aimez l’esprit, et sans discrétion
Vous dites que des corps les amours sont pollues.
Tel dire n’est sinon qu’imagination

Qui embrasse le faux pour les choses cognues :
Et c’est renouveller la fable d’Ixion,
Qui se paissoit de vent et n’aimoit que des nues.