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LII

J’errois à la volée, et-sans respect des lois
Ma chair dure à donter me commandoit à force,
Quand tes sapes propos despouillerent l’escorce
De tant d’opinions que frivoles j’avois.

En t’oyant discourir d’une si saincte vois,
Qui donne aux voluptez une mortelle entorce,
Ta parole me fist par une douce amorce
Contempler le vray bien duquel je m’esgarois.

Tes mœurs et ta vertu, ta prudence et ta vie
Tesmoignent que l’esprit tient de la Deité :
Tes raisons de Platon, et ta Philosophie,

Que le vieil Promethee est une vérité,
Et qu’après que du ciel la flame il eut ravie,
Il maria la Terre à la Divinité.