Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LV

Je sens de veine en veine une chaleur nouvelle,
Qui me trouble le sang et m’augmente le soing.
Adieu ma liberté, j’en appelle à tesmoing
Ce mois qui du beau nom d’Aphrodite s’appelle.

Comme les jours d’Avril mon mal se renouvelle :
Amour qui tient mon Astre et ma vie en son poing,
M’a tant séduit l’esprit que de près et de loing
Tousjours à mon secours en vain je vous appelle.

Je veux rendre la place en jurant vostre nom,
Que le premier article avant que je la rende,
C’est qu’un cœur amoureux ne veut de compagnon.

L’amant non plus qu’un Roy de rival ne demande.
Vous aurez en mes vers un immortel renom :
Pour n’avoir rien de vous la recompense est grande.