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Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/178

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LI

Je suis esmerveillé que mes pensers ne sont
Las de penser en vous y pensant à toute heure :
Me souvenant de vous, or’je chante, or’je pleure,
Et d’un penser passé cent nouveaux se refont.
 
Puis légers comme oyseaux ils volent et s’en-vont,
M’abandonnant tout seul, devers vostre demeure :
Et s’ils sçavoient parler, souvent vous seriez seure
Du mal que mon cœur cache, et qu’on lit sur mon front.
 
Or sus venez Pensers, pensons encor en elle.
De tant y repenser je ne me puis lasser :
Pensons en ses beaux yeux, et combien elle est belle.

Elle pourra vers nous les siens faire passer.
Venus non seulement nourrit de sa mammelle
Amour son fils aisné, mais aussi le Penser.