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LXXVI

Vous ruisseaux, vous rochers, vous antres solitaires.
Vous chesnes, héritiers du silence des bois,
Entendez les souspirs de ma dernière vois,
Et de mon testament soyez présents notaires.

Soyez de mon mal-heur fidèles secrétaires,
Gravez-le en vostre escorce, afin que tous les mois
Il croisse comme vous : ce pendant je m’en vois
Là bas privé de sens, de veines, et d’artères.

Je meurs pour la rigueur d’une fiere beauté.
Qui vit sans foy, sans loy, amour ne loyauté.
Qui me succe le sang comme un Tygre sauvage.

Adieu forests adieu ! Adieu le verd séjour
De vos arbres, heureux pour ne cognoistre Amour
Ny sa mère qui tourne en fureur le plus sage.