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III

CHANSON

Plus estroit que la Vigne à l’Ormeau se marie
De bras souplement forts,
Du lien de tes mains, Maistresse, je te prie,
Enlace-moy le corps.

Et feignant de dormir, d’une mignarde face,
Sur mon front panche toy :
Inspire, en me baisant, ton haleine et ta grâce
Et ton cœur dedans moy.

Puis appuyant ton sein sur le mien qui se pâme,
Pour mon mal appaiser.
Serre plus fort mon’col, et me redonne l’ame
Par l’esprit d’un baiser.

Si tu me fais ce bien, par tes yeux je te jure,
Serment qui m’est si cher,
Que de tes bras aimez jamais autre avanture
Ne pourra m’arracher :

Mais souffrant doucement le joug de ton Empire,
Tant soit-il rigoureux,