La chose adviendra : je l’augure,
Voyant du ciel la flamme pure,
Qui autour de son chef reluit,
D’une belle et vive lumiere,
Corne fait l’estoile premiere
Qui fait un beau jour de la nuit.
PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION
de la Franciade
J’ay, Lecteur, à la façon d’Apelle, exposé mon ouvrage au public, afin d’entendre le jugement et l’arrest d’un chacun, qu’aussi volontairement je reçoy, que je le pense estre candidement prononcé. Et ne suis point si opiniastre, que je ne vueille au premier admonnestement d’un homme docte, non passionné, et bien versé en la poësie, recevoir toute amiable correction : car ce n’est pas vice de s’amender, mais c’est extrême malice de persister en son peché. Pour ce, par le conseil de mes plus doctes amis j’ay changé, mué, abregé, alongé beaucoup de lieux en ma Franciade pour la rendre plus parfaicte et luy donner sa dernière main. Et voudrois de toute affection que nos François daignassent faire le semblable, nous ne verrions tant d’ouvrages avortez, lesquels, pour n’oser endurer la lime et parfaicte polissure, n’aportent que des-honneur à l’ouvrier, et à nostre France une mauvaise reputation.
ODE
La Nymphe de France parle
Je suis des Dieux la fille aisnée
De cent lauriers environnée,
La bonne Nymphe des François,
Qui d’armes et d’hommes feconde
Ay tousjours fait trembler le monde
Soubs la puissance de mes lois.