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VITTORE CARPACCIO.

d’une recherche, les bibelots antiques, les vases étrusques, statuettes de bronze, les manuscrits et les livres aux reliures précieuses conserves dans une somptueuse libreria où sont suspendus des Médailles d’or, ou exposés sur des pupitres, et par-dessus tout la sobriété élégante où se fondent tant de richesses, n’est-ce pas le cadre parmi lequel dut s’épanouir l’esprit subtil des cicéroniens et des humanistes ?

Saint Jérôme paraît fort à son aise : il a la dignité facile des cardinaux qui posèrent devant Raphaël et Van Dyck. Assis à sa table, le visage baigné de lumière, le regard levé, il attend l’inspiration céleste. Il travaille, sans doute, à réformer la liturgie, comme l’indiquent les cahiers de musique ouverts à ses pieds.

Le lion traditionnel serait, certes, un hôte incommode parmi tant d’objets fragiles et précieux. Aussi Carpaccio lui a-t-il substitué un petit grillon blanc.


X

Nous avons, tout à l’heure, fait allusion à l’Ensevelissement du Christ de Berlin. La page est précieuse et mérité qu’on s’y arrête, non pas seulement parce qu’elle fut tout récemment revendiquée pour Carpaccio, mais à cause de sa valeur intrinsèque. L’artiste, quand il la peignit, était tout imprégné des sentiments qui l’agitaient dans le Combat de saint Georges et par là, on peut augurer que les deux œuvres furent exécutées à peu près au même moment. Jamais la