des instincts d’architecte et de géomètre, est parcimonieux d’épisodes, demande peu aux hasards heureux de la perspective aérienne. Ses toiles offrent plutôt des documents sincères qu’une représentation intégrale de la vie. La fantaisie, le sens pittoresque, le sentiment du plein air, toutes qualités que Carpaccio possède à un degré éminent, demeurent chez lui secondaires. Il n’a pas l’amour.
Vasari avait conservé le souvenir confus de deux artistes, Lazare et Bastian, qu’il donnait comme disciples de Carpaccio. La critique moderne a scruté ce témoignage et a reconnu sous ces deux noms un peintre unique, Lazare Bastian. Ce maître peignit dès 1460 et ses œuvres, que l’on a retrouvées assez nombreuses, donnent l’impression d’avoir été exécutées par un précurseur, on dirait un frère aîné de Carpaccio. L’analogie est parfois telle qu’elle autorise des confusions. MM. Molmenti et Ludwig ont revendiqué pour Lazare Bastian un tableau remarquable de la National Gallery de Londres, le Doge Mocenigo agenouillé devant la Vierge, tableau attribué unanimement à Carpaccio sur la foi d’une inscription falsifiée.
Une Annonciation au musée Correr, un Miracle de la Sainte Croix et un Presepio à l’Académie de Venise montrent sous la réserve d’un artiste encore hésitant le sens du plein air, un luxe d’épisodes pittoresques, un instinct du coloris, avant tout une possession singulière, presque mantegnesque, de la perspective. L’auteur de Sainte Ursule a vraisemblablement beaucoup appris au contact de ce maître. Il s’est directement inspiré de lui pour peindre la vie