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VITTORE CARPACCIO
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à manquer, on lui livra des enfants, filles ou garçons, de manière que personne ne fut épargné. Le sort désigna, un jour, la fille du roi et celui-ci, malgré ses supplications, ne put l’y soustraire. La princesse s’en alla vers le lac, en grand danger d’être dévorée. Mais, fort à propos, saint Georges apparut devant elle. Comment se trouvait-il en ces parages ? Jacques de Voragine ne s’en embarrasse guère : « il passait par là », dit-il avec simplicité. Entre la princesse et le saint s’engage alors un dialogue cornélien où tous deux rivalisent de générosité  : « Georges vit qu’elle pleurait et lui demanda ce qu’elle avait et elle lui répondit : Bon jeune homme, monte bien vite à cheval et hâte le pas, afin que tu ne périsses pas avec moi. » Georges lui dit : « Ne crains rien et dis-moi ce que tu attends et pourquoi tout ce peuple nous regarde.... » Lorsqu’elle l’eut instruit de tout, Georges ajouta : « Ne crains rien, je t’aiderai au nom de Jésus-Christ… » Dans ce moment, le dragon sortit de beau.

Alors la vierge dit en tremblant : " Fuis au plus vite, chevalier ! » Pour toute réponse, Georges monta sur son cheval, fit le signe de la croix et s’avança au-devant du monstre en se recommandant à Jésus-Christ et le chargea intrépidement. Il brandit sa lance avec une telle force qu’il le traversa et le jeta par terre.

Le monstre n’était pas mort. Le saint le traina jusqu’à la ville. Le peuple fuyait : Georges le retint en disant : « Croyez seulement en Dieu et que chacun de vous soit baptisé et je tuerai le monstre. » Alors le roi et tous son