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CHAPITRE SEPTIÈME


L’INDIVIDUALISME ET LA LIBERTÉ

Les différentes tendances que nous venons d’étudier travaillaient également à renouveler l’art, mais elles étaient loin de s’accorder et d’indiquer aux peintres une direction unique.

L’importance croissante prise par la vie contemporaine encourageait l’artiste à se plonger dans la réalité ; d’autre part, le renouvellement des études historiques l’éloignait du présent pour le rattacher au passé et du vrai pour l’inviter au vraisemblable ; la restauration du catholicisme appelait à exprimer l’au-delà ; l’influence du monde germanique favorisait les conceptions profondes et vagues.

Précision et rêverie, exaltation de la pensée et glorification des richesses de la matière, archéologie et mysticisme, lequel de ces courants contradictoires dominerait et détruirait les autres ?

Ceux des contemporains pour lesquels l’œuvre de David n’apparaissait point impérissable, imaginaient, sans doute, que l’Ecole évoluerait lentement ou qu’un novateur, rompant avec le présent, comme David lui-même l’avait fait avec ses maîtres, l’établirait sur des bases nouvelles.

Dès lors, les ateliers futurs continueraient à se disputer des couronnes académiques ; on apprendrait aux élèves des règles transformées mais uniformes, et, comme autrefois, on verrait les mieux doués des jeunes artistes se discipliner en vue du concours de Rome et préluder, par le Grand Prix, à leur brillante carrière.

L’événement fut tout différent. Avec l’École impériale, c’est l’École même, c’est-à-dire l’unité, la discipline de la peinture française, qui était condamnée. Après ce dernier effort d’absolutisme et de tyrannie, le dix-neuvième siècle devait s’affranchir de toute tutelle. L’individualisme allait fonder la liberté artistique.

Cette émancipation doit-elle nous étonner ? La durée de l’école davidienne est bien plus faite pournous surprendre, tant lui semblent défavorables les circonstances dans lesquelles elle se développa. Sous l’ancien régime, « les hommes avaient pris l’habitude de rester dans leur