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LES WALDSTÆTTEN

Sceaux d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald en 1291.

Fig. 68. — Sceaux d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald en 1291.
(Sur le sceau d’Uri figure une tête de taureau avec une boucle dans les naseaux. Le sceau de Schwytz représente saint Martin, patron du bourg de Schwytz, partageant son manteau pour en donner la moitié à un mendiant. Le sceau d’Unterwald porte une clef, emblème de l’apôtre Pierre, patron de l’église de Stans.)


exerçaient une autorité générale sur tout le pays comme représentants de l’empereur.

Les hommes libres cherchèrent à s’unir et à résister aux Habsbourg. Toutefois leurs tentatives pour s’émanciper de la tutelle de cette puissante maison ne réussirent pas. Sous l’empereur Rodolphe, ils ne purent les renouveler, mais le mécontentement était prêt à éclater.

5. L’alliance perpétuelle de 1291. — Telle était la situation des Waldstætten lorsque survint la mort de l’empereur Rodolphe, en 1291. Quel était le lien qui unissait ces trois petits peuples dont les conditions différaient sensiblement ? C’était, outre d’anciennes relations de bon voisinage, la crainte de l’ennemi commun, de l’ambitieuse famille de Habsbourg-Autriche.

Quelques jours après la mort de Rodolphe, les représentants des pays d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald se réunirent et conclurent un traité d’alliance perpétuelle, le 1er août 1291. Par ce traité, qui a été conservé (fig. 69), les trois cantons s’engagent à se prêter mutuellement secours contre les ennemis du dehors. Ils décident qu’ils n’accepteront aucun juge, aucun bailli impérial qui soit étranger à leurs vallées. Ils déclarent que si une dissension naît entre eux, ils s’en remettront à l’avis d’arbitres pris parmi les plus sages et les plus prudents des Confédérés, et que si l’un des cantons repousse cette décision, les autres la feront respecter. Enfin, ils indiquent de quelle manière la justice doit être rendue et fixent les peines à infliger aux coupables.

Le traité a été probablement conclu sur territoire schwytzois. Il n’est pas signé, mais l’on sait quels étaient à cette époque les hommes les plus en vue dans les Waldstætten. On croit que parmi les auteurs de l’alliance, il faut citer pour le pays d’Uri : le landammann Arnold, de Silenen, et Werner d’Attinghausen ; pour le pays de Schwytz : le landammann Conrad ab Iberg et Rodolphe Stauffacher.[1] Ces hommes énergiques et sages, qui eurent assez de courage pour braver les ennemis de leur patrie, ont droit à tout notre respect.

Avant l’alliance de 1291, les Waldstætten avaient déjà conclu entre eux d’autres traités, mais qui étaient temporaires et n’avaient pas la même importance. Le pacte de 1291 doit être regardé comme l’acte de fondation de la Confédération suisse et comme l’origine de notre indépendance et de nos libertés.

  1. Il n’est pas possible de se prononcer pour ce qui concerne l’Unterwald. Le premier landammann de ce pays dont on connaisse le nom est Rodolphe d’Oedisried (1304).