Page:Rosier - Histoire de la Suisse, 1904.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LA CONFÉDÉRATION DES TROIS CANTONS

CHAPITRE VII

PREMIÈRE GUERRE
des
CONFÉDÉRÉS CONTRE L’AUTRICHE

1. Albert d’Autriche. — L’alliance de 1291 donnait aux Confédérés la force qui résulte de l’union. Toutefois, leur avenir était encore bien incertain ; ils sentaient qu’ils auraient beaucoup à lutter pour assurer leur indépendance. La maison de Habsbourg était devenue, sous l’empereur Rodolphe, la puissante maison d’Autriche,[1] nom sous lequel nous la désignerons dorénavant. Le fils de Rodolphe, Albert, duc d’Autriche, et ses successeurs, loin de donner la liberté aux Waldstætten, vont chercher par tous les moyens à maintenir leur autorité en Suisse. C’est donc contre les ducs d’Autriche que les Suisses auront à combattre.

Albert désirait vivement succéder à son père comme empereur, mais les princes allemands ne le désignèrent pas. Ils nommèrent Adolphe de Nassau. L’élection de ce prince fut accueillie avec joie dans les Waldstætten. Uri et Schwytz firent confirmer par lui leurs chartes de franchises. Malheureusement, en 1298, Adolphe fut tué dans un combat et son rival, Albert d’Autriche, élu empereur à sa place.

Sous l’empereur Albert, la situation des Waldstætten se modifia peu. S’il ne reconnut pas les chartes d’Uri et de Schwytz, rien ne prouve qu’il ait opprimé durement les montagnards. Sous son gouvernement, chacun des trois cantons eut son landammann.

Au reste, le règne d’Albert d’Autriche ne fut pas de très longue durée. En 1308, ce prince fut assassiné près de Windisch en Argovie, par son propre neveu, le jeune duc Jean d’Autriche, et plusieurs autres nobles. Jean reprochait à son oncle de vouloir lui ravir l’héritage qui lui venait de ses parents ; il se vengea de l’injustice par le crime. Les meurtriers parvinrent à s’enfuir. Un seul fut Église de l’ancienne abbaye de Kœnigsfelden.
Fig. 70. — Église de l’ancienne abbaye de Kœnigsfelden.
(L’abbaye de Kœnigsfelden a été transformée en hôpital, puis en asile d’aliénés, L’église sert de musée historique.)
pris, le moins coupable, Rodolphe de Wart, qui subit le supplice de la roue. La maison d’Autriche s’acharna à poursuivre les parents et les serviteurs des régicides. Plusieurs châteaux furent détruits et un grand nombre d’innocents mis à mort. La veuve d’Albert, l’impératrice Élisabeth, fonda sur le lieu même de l’attentat, l’abbaye de Kœnigsfelden.

2. Bataille de Morgarten. — Le successeur d’Albert, l’empereur Henri de Luxembourg, témoigna une grande bienveillance aux Waldstætten. Non seulement il confirma les lettres de franchises d’Uri et de Schwytz, mais il en accorda à l’Unterwald qui n’en avait point possédé jusque-là (1309). En outre, il envoya aux trois pays un bailli impé-

Carte du champ de bataille de Morgarten.

Fig. 71. — Carte du champ de bataille de Morgarten.
Échelle : 1/117 500
  1. Voir plus haut, page 20.