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LA SASIMI OU POISSON CRU

chef-d’œuvre de la cuisine japonaise





Il n’y a pas de sots métiers, dit-on ; il n’y a que de sottes gens, et des sottes gens, il y en a partout, aussi bien à l’Académie que dans les plus hautes sphères de l’État. En fait de sots métiers, je n’en connais qu’un seul : celui de dupe.

Ma conviction qu’il n’y a pas de sots métiers remonte à bien des années. C’était en 1848, il m’en souvient. Né dans une famille royaliste, le bruit des barricades avait fait de moi tout d’un coup un petit républicain. Par moments, je pratiquais en conséquence l’école buissonnière, afin d’aller voir les omnibus mis sur le flanc, les gros arbres abattus et les pyramides de pavés.

Près de mon école se trouvait une grande boutique avec une enseigne dont j’ai toujours gardé le souvenir. On y lisait ces mots : « Laboratoire de Chimie culinaire ».

Sans être bien gourmand et sans applaudir outre mesure à l’aphorisme de Brillat-Savarin, suivant lequel « la gourmandise mérite à tout égards éloges et encou-