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rants pour faciliter leur domination sur les tribus indigènes. La lutte des Dieux du Ciel contre les Dieux de la Terre, dans la seconde partie du Kami yo-no maki[1], n’est rien autre que la lutte des envahisseurs Japonais contre les chefs Kouriliens qui gouvernaient le pays avant leur arrivée.

Au début du Fourou-koto boumi, figure une triade de dieux supérieurs dont les habitants du Nippon paraissent n’avoir pas tardé à abandonner le culte et la tradition. Au fond de cette triade, il n’est pas impossible d’apercevoir la vague expression d’un monothéisme primitif représenté par le dieu Naka-nousi, dont le nom désigne « le Maître Central » de l’Univers. Ce dieu, qu’on appelle également « le Dieu Unique, parfait ou absolu du Ciel », semble se confondre tout d’abord avec les deux autres personnes divines qui complètent la Trinité dont il est en quelque sorte l’expression suprême et la raison sociale. Bientôt, il est vrai, c’est la seconde personne de cette trinité, Mousoubi, qui joue le plus grand rôle dans cette triade ; mais des substitutions analogues se constatent dans l’histoire religieuse de bien des pays différents. Chez les Hindous, par exemple, on sait que, d’après les temps et les milieux, c’est tantôt Brahma, tantôt Vichnou ou Çiva qui est l’objet de la plus grande somme d’adoration dans les pratiques de la religion populaire.

À la trinité de Nakanousi succède, dans le Fourou-koto boumi, une Dualité qu’on est tenté de rattacher au

  1. Cet ouvrage n'est autre que la reproduction de la partie mythologique du Yamato-boumi.