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Page:Rosny - L’Immolation, 1887.djvu/36

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L’IMMOLATION

Et du dos de sa main farouche, il la frappa au visage. Elle, sans un mot, la joue rouge, conduisit l’animal à l’écurie, revint à pas lents, douce, s’asseoir au fond de la cuisine. Calé contre la façade, les yeux féroces, les sclérotiques sanguines, il regardait devant lui, en réalité ne percevait rien, et des imaginations absurdes le hantaient, le retour de ses pauvres cent sous par quelque miracle.

Trois grosses nues sortaient du couchant, s’enflaient sur le grand firmament pur, et leurs bords, sinués capricieusement, avaient une palpitation légère. Elles s’unirent, posèrent un large deuil sur le zénith, et il courut un peu de vent inquiet, ascensionnel. Au premier éclair, La Tête sortit de sa rêverie. Sa colère s’était évaporée. De l’accablement lui restait, une faiblesse à l’épigastre. Ses yeux étaient roussâtres sous la large visière de sa casquette. L’électricité ambiante, dans l’énervement de sa douleur, troublait ses fibres raides.