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Page:Rosny - L’Immolation, 1887.djvu/55

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L’IMMOLATION

dévotes, une chose de culte et une chose d’amour.

Et la paysanne, à jouir de ce charmant butin, de ce miel de songerie, s’étonnait de la complication de sa pensée. Elle, pourtant jadis si dormante, occupée exclusivement des bêtes, des champs, du beurre, à peine songeant à l’autre sexe, n’ayant bien sûr que de maigres, sinon nuls, désirs. Et maintenant, comme si une sorcière avait passé, elle avait soif d’abandon, rêvait une infinie jouissance à se donner. En même temps, sa fémininéité se développait, de frustes virtualités d’analyse, toutes choses qui auraient sommeillé en elle à jamais, si l’épouvantable souillure n’avait coulé dans sa chair.

L’automne vint. Les larges vents causèrent dans les arbres. Le bronze et le laiton des consomptives feuillées s’éparpillèrent sur les campagnes, et l’ère des grisailles débuta. Pendant des semaines entières, il y eut charriage de nues. Elles arrivaient par