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Page:Rosny - L’Immolation, 1887.djvu/69

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L’IMMOLATION

les pommiers défeuillés. Alors elle clama misérablement. Mais la haie, les bâtiments, rendaient la scène invisible aux laboureurs de la plaine, et tous étaient trop loin pour entendre qu’une rumeur faible. Les charrues poursuivaient leur marche traînante, les femmes et les enfants jetaient toujours des fanes aux bûchers, des gamins maraudaient aux coins des mares et les fumerolles, dans le soleil, naviguaient vers le village, allégrement. D’ailleurs, pour arrêter les plaintes, l’impitoyable paysan enfonça ses doigts au cou de la victime.

Elle se défendit pourtant, frappa des poings, des pieds. Il n’y prenait garde, l’emportait avec un halètement de carnassier. Hélas ! elle se sentait, entre ces mains farouches, comme une humble bestiole abandonnée de Dieu. Un instinct de ressouvenance poussa machinalement le paysan vers l’écurie. il en poussa la porte d’un coup de pied ; ils se trouvaient dans la