Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/102

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quelques tisons à leur foyer, il se retirera sans combattre.

Ils ne comprenaient pas mieux ces paroles d’une langue étrangère qu’ils n’eussent compris le hurlement des loups. Voyant qu’il était seul, ils ne songeaient qu’à le massacrer. Naoh recula, dans l’espoir qu’ils se disperseraient et qu’il pourrait les attirer loin du Feu ; ils s’élancèrent en groupe.

Le plus grand, dès qu’il fut à portée, jeta une sagaie à pointe de silex. Il l’avait dardée avec force et adresse. L’arme, effleurant l’épaule de Naoh, retomba sur la terre humide. L’Oulhamr, qui préférait ménager ses propres armes, ramassa le trait et le lança à son tour. Avec un sifflement, l’arme décrivit une courbe ; elle perça la gorge d’un Kzamm, qui chancela et s’étendit. Ses compagnons, poussant des clameurs de chiens, ripostèrent simultanément. Naoh n’eut que le temps de se jeter à terre pour éviter les pointes tranchantes, et les Dévoreurs d’Hommes, le croyant atteint, se précipitèrent pour l’achever. Déjà il avait rebondi et ripostait. Un Kzamm, frappé au ventre, cessa la poursuite, tandis que les deux autres projetaient coup sur coup leurs sagaies : du sang jaillit à la hanche de Naoh, mais, sentant que la blessure n’était point profonde, il se mit à tourner autour de ses adversaires, car il ne redoutait plus d’être enveloppé. Il s’éloignait, il revenait, si bien qu’il se trouva entre le Feu et ses ennemis.

— Naoh est plus rapide que les Kzamms ! cria-t-il. Il prendra le Feu et les Kzamms auront perdu deux guerriers.

Il bondit encore ; il vint tout près de la flamme. Et il étendait les mains pour saisir des tisons, lorsqu’il s’aperçut avec tremblement que tous étaient presque consumés. Il fit le tour du brasier, dans l’espoir de