Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/114

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de route et se précipitait pour couper la retraite, tandis que les premiers poursuivants se portaient à grande vitesse dans une direction presque parallèle à celle des fugitifs. Ces manœuvres réussirent : la route de l’ouest se trouva bloquée à la fois par des Kzamms et par une masse rocheuse, presque inaccessible, et il devenait impossible de s’infléchir vers le sud-ouest où des guerriers formaient un demi-cercle.

Comme Naoh menait directement Gaw vers le roc, les Kzamms, resserrant leur étreinte, poussèrent un cri de triomphe ; plusieurs parvinrent à cinquante coudées des Oulhamr et lancèrent des sagaies. Mais Naoh, traversant un rideau de broussailles, entraînait son compagnon à travers un défilé entrevu du haut de la colline.

Les Kzamms hurlaient ; quelques-uns se hissèrent à leur tour jusqu’au défilé ; les autres tournèrent l’obstacle.

Cependant, Naoh et Gaw fuyaient de toute leur vitesse ; ils eussent pris une avance considérable si le terrain n’avait été si rude, si inégal et si mouvant. Quand ils ressortirent à l’autre extrémité de la masse rocheuse, trois Kzamms débouchaient du nord et coupaient la retraite. Naoh eût pu biaiser en se rejetant au midi ; mais il entendait le bruit croissant de la poursuite : il sut que de ce côté aussi sa course allait être arrêtée. Toute hésitation devenait mortelle.

Il s’élança droit sur les survenants, la massue d’une main et la hache de l’autre, tandis que Gaw saisissait son harpon. Craignant de laisser échapper les Oulhamr, les trois Kzamms s’étaient éparpillés. Naoh bondit sur celui qui était vers sa gauche. C’était un guerrier très jeune, leste et flexible, qui leva sa hache pour parer l’attaque. Un coup de massue lui arracha son arme ; un second coup l’abattit.