Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/116

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peu, la vitesse de Gaw devint égale, puis inférieure à celle des Kzamms. Chaque fois, maintenant, que les fugitifs se retournaient, l’avant-garde des Kzamms avait gagné du terrain. Et le fils du Léopard, avec une rage profonde, songeait que, si Gaw ne reprenait pas quelque force, ils seraient rejoints avant d’avoir pu atteindre le troupeau des mammouths. Mais Gaw ne reprenait pas de force ; une colline se présenta, qu’il gravit avec une peine excessive ; au sommet, les jambes tremblantes, le visage couleur de cendre, le cœur exténué, il chancela. Et Naoh, tourné vers la troupe fauve, qui commençait à gravir la pente, vit combien la distance avait encore décru.

— Si Gaw ne peut plus courir, dit-il d’une voix creuse, les Dévoreurs d’Hommes nous auront rejoints avant que nous n’arrivions en vue du fleuve.

— Les yeux de Gaw sont obscurs, ses oreilles sifflent comme des grillons ! balbutia le jeune guerrier. Que le fils du Léopard continue seul sa course, Gaw mourra pour le Feu et pour le chef.

— Gaw ne mourra pas encore !

Et, se tournant vers les Kzamms, Naoh poussa un furieux cri de guerre, puis, jetant Gaw sur son dos, il reprit sa course. D’abord, son grand courage et sa formidable musculature lui permirent de garder son avance. Sur le sol déclive, il bondissait, emporté par la pesanteur. Flexibles comme des branches de frêne, ses jarrets soutenaient cette chute incessante. Au bas de la colline, son souffle s’accéléra, ses pieds s’alourdirent. Sans sa blessure, qui brûlait sourdement, sans le coup de massue sur la tête, qui faisait encore bruire ses oreilles, il aurait pu, même avec Gaw sur l’épaule, devancer les Dévoreurs d’Hommes aux jambes trapues et lassés par une longue course. Mais il avait dépassé ses forces ; nulle bête sur la steppe ou sous les futaies n’aurait pu mener une tâche