Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/119

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soubresaut ! Ils reperdirent cette faible avance, coudée par coudée.

Les Kzamms poussaient leur cri de guerre…

Quand deux mille coudées séparèrent Naoh et Gaw de la cime du mamelon, les Kzamms étaient presque à portée. Ils gardaient leur pas égal et bref, d’autant plus sûrs d’atteindre les Oulhamr qu’ils les acculeraient au troupeau de mammouths. Ils savaient que ceux-ci, malgré leur indifférence pacifique, ne souffraient aucune présence ; donc, ils refouleraient les fugitifs.

Toutefois les poursuivants ne négligeaient pas de se rapprocher ; on entendait maintenant leur souffle, et il fallait encore parcourir mille coudées !… Alors Naoh poussa une longue plainte et l’on vit un homme émerger d’un bois de platanes ; puis une des énormes bêtes leva sa trompe avec un barrit strident. Elle s’élança, suivie de trois autres, droit vers le fils du Léopard. Les Kzamms, effarés et contents, s’arrêtèrent : il n’y avait plus qu’à attendre le recul des Oulhamr, à les cerner et à les anéantir.

Naoh, cependant, continua de courir pendant une centaine de coudées, puis, tournant vers les Kzamms son visage creux de fatigue et ses yeux étincelants de triomphe, il cria :

— Les Oulhamr ont fait alliance avec les mammouths. Naoh se rit des Dévoreurs d’Hommes.

Tandis qu’il parlait, les mammouths arrivèrent ; à la stupeur infinie des Kzamms, le plus grand mit sa trompe sur l’épaule de l’Oulhamr. Et Naoh poursuivit :

— Naoh a pris le Feu. Il a abattu quatre guerriers dans le campement ; il en a abattu quatre autres pendant la poursuite…

Les Kzamms répondirent par des hurlements de fureur, mais, comme les mammouths avançaient encore, ils reculèrent en hâte, car, pas plus que les Oulhamr, ils n’avaient