Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/164

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Au même instant, Nam et Gaw bondissaient à son aide…

Ce fut la panique. Les Nains Rouges connurent qu’une énergie néfaste était sur eux, et, de même qu’ils eussent combattu jusqu’au dernier à la voix du chef, ils se sentirent abandonnés quand cette voix se fut tue. Pêle-mêle, ils fuyaient, sans un regard en arrière, vers les terres natales, vers leurs lacs et leurs rivières, vers les hordes d’où ils tiraient leur courage et où ils allaient le ressaisir.



V

LES HOMMES QUI MEURENT


Trente hommes et dix femmes gisaient sur la terre. La plupart n’étaient pas morts. Le sang coulait à grandes ondes ; des membres étaient rompus et des crânes crevassés ; des ventres montraient leurs entrailles. Quelques blessés s’éteindraient avant la nuit ; d’autres pouvaient vivre plusieurs journées, beaucoup étaient guérissables. Mais les Nains Rouges devaient subir la loi des hommes. Naoh lui-même, qui avait souvent enfreint cette loi, la reconnut nécessaire avec ces ennemis impitoyables.

Il laissa ses compagnons et les Hommes-sans-épaules percer les cœurs, fendre ou détacher les têtes. Le massacre fut prompt : Nam et Gaw se hâtaient, les autres agissaient selon des méthodes millénaires et presque sans férocité.

Puis il y eut une pause de torpeur et de silence. Les Hommes-sans-épaules pansaient leurs blessés. Ils le faisaient d’une manière plus minutieuse et plus sûre que les Oulhamr. Naoh avait l’impression qu’ils connaissaient