Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/17

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Alors Naoh, fils du Léopard, se leva et dit :

— Qu’on me donne deux guerriers aux jambes rapides et j’irai prendre le Feu chez les Fils du Mammouth ou chez les Dévoreurs d’Hommes, qui chassent aux bords du Double-Fleuve.

Faouhm ne lui jeta pas un regard favorable. Naoh était, par la stature, le plus grand des Oulhamr. Ses épaules croissaient encore. Il n’y avait point de guerrier aussi agile, ni dont la course fût plus durable. Il terrassait Moûh, fils de l’Urus, dont la force approchait celle de Faouhm. Et Faouhm le redoutait. Il lui commandait des tâches rebutantes, l’éloignait de la tribu, l’exposait à la mort.

Naoh n’aimait pas le chef ; mais il s’exaltait à la vue de Gammla, allongée, flexible et mystérieuse, la chevelure comme un feuillage. Naoh la guettait parmi les oseraies, derrière les arbres ou dans les replis de la terre, la peau chaude et les mains vibrantes. Il était, selon l’heure, agité de tendresse ou de colère. Quelquefois il ouvrait les bras, pour la saisir lentement et avec douceur, quelquefois il songeait à se précipiter sur elle, comme on fait avec les filles des hordes ennemies, à la jeter contre le sol, d’un coup de massue. Pourtant, il ne lui voulait aucun mal : s’il l’avait eue pour femme, il l’aurait traitée sans rudesse, n’aimant pas à voir croître sur les visages la crainte qui les rend étrangers.

En d’autres temps, Faouhm aurait mal accueilli les paroles de Naoh. Mais il ployait sous le désastre. Peut-être l’alliance avec le fils du Léopard serait bonne ; sinon, il saurait bien le mettre à mort. Et, se tournant vers le jeune homme :

— Faouhm n’a qu’une langue. Si tu ramènes le Feu, tu auras Gammla, sans donner aucune rançon en échange. Tu seras le fils de Faouhm.