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X

AGHOO-LE-VELU


Il revécut, en quelques battements de cœur, la scène où Aghoo et ses frères s’étaient dressés devant Faouhm et avaient promis de conquérir le Feu. La menace flamboyait dans leurs yeux circulaires, la force et la férocité accompagnaient leurs gestes. La horde les écoutait avec tremblement. Chacun des trois aurait tenu tête au grand Faouhm. Avec leurs torses aussi velus que celui de l’ours gris, leurs mains énormes, leurs bras durs comme des branches de chêne, avec leur ruse, leur adresse, leur courage, leur union indestructible, leur habitude de combattre ensemble, ils valaient dix guerriers. Et, songeant à tous ceux qu’ils avaient tués ou dont ils avaient rompu les membres, une haine sans bornes contractait Naoh.

Comment les abattre ? Lui, le fils du Léopard, se croyait l’égal d’Aghoo : après tant de victoires, sa confiance en soi s’était parfaite ; mais Nam et Gaw seraient pris comme des léopards devant des lions !

La surprise et tant d’impressions bondissant dans sa tête n’avaient pas retardé la résolution de Naoh. Elle fut aussi rapide que le bond du cerf surpris au gîte.

— Nam partira d’abord, commanda-t-il, puis Gaw. Ils emporteront les sagaies et les harpons, je jetterai leurs massues quand ils seront au bas du roc. Je porterai seul le Feu.

Car il ne put se résigner, malgré les pierres mystérieuses des Wah, à abandonner la flamme conquise.

Nam et Gaw comprirent qu’il fallait gagner de vitesse