Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/198

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des cages. Ensuite, il organisa de nouveau la descente. Cette fois, Gaw devait ouvrir la marche. À deux hauteurs d’homme, il s’arrêterait sur une saillie assez large pour s’y tenir en équilibre et lancer des sagaies.

Le jeune Oulhamr obéit rapidement.

Quand il parvint au but assigné, il poussa un cri léger pour avertir le chef.

Les fils de l’Aurochs s’étaient mis en bataille. Aghoo faisait face au roc, le harpon au poing ; le blessé, debout contre un arbuste, tenait prêtes ses armes, et le troisième frère, Roukh-aux-bras-rouges, moins éloigné que les autres, allait et venait circulairement. Debout sur une avancée de la plate-forme, Naoh tantôt se penchait vers la plaine et tantôt brandissait une sagaie. Il saisit le moment où Roukh était le plus proche, pour lancer l’arme. Elle franchit un espace qui étonna le fils de l’Aurochs, mais il s’en fallait de cinq longueurs d’homme qu’elle ne l’atteignît. Une pierre que Naoh lança ensuite retomba à une distance moindre.

Roukh poussa un cri de sarcasme :

— Le fils du Léopard est aveugle et stupide.

Plein de mépris, il éleva son bras droit qu’armait la massue. D’un geste furtif, Naoh saisit une arme préparée : c’était un de ces propulseurs dont il avait appris l’usage dans la horde des Wah. Il lui imprima une rotation rapide. Roukh, assuré que c’était un geste de menace, se remit en marche avec un ricanement. Comme il ne regardait plus le roc de face, la lueur était incertaine et il ne vit pas venir le trait. Quand il l’aperçut, il était trop tard : sa main se trouva percée à l’endroit où le pouce se joint aux autres doigts. Avec un cri de rage, il lâcha sa massue…

Alors, une grande stupeur saisit Aghoo et ses frères. La portée qu’avait atteinte Naoh dépassait de loin leur