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DEUXIÈME PARTIE



I

LES CENDRES


Longtemps, il se trouva dans cette obscurité sans astre qui avait retardé la fuite. Puis une clarté filtra à l’Orient. Répandue avec douceur dans la mousse des nuages, elle descendit comme une nappe de perles. Naoh vit qu’un lac barrait la route du sud : son œil n’en pouvait apercevoir la fin. Le lac vibrait lentement : le nomade se demanda s’il faudrait le contourner vers l’Est, où l’on discernait une rangée de collines, ou vers l’Ouest, pâle et plat, entrecoupé d’arbres.

La lumière demeurait faible ; une brise coulait délicatement de la terre sur les vagues ; très haut, un souffle fort s’éleva, qui traquait et trouait les nues. La lune, à son dernier quartier, finit par se dessiner parmi les effilochures de vapeur. Bientôt, une grande citerne bleue reçut l’image arquée. Pour la prunelle perçante de Naoh, le site se dessina jusqu’aux frontières mêmes de l’horizon : vers le levant, le chef discernait des côtes et des lignes arborescentes, estompées à contre-lune, qui indiquaient la route du voyage ; au Sud et vers l’Ouest, le lac s’étendait indéfiniment.