Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/108

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le vin les animait : sa gaieté confuse, glissant de fibre en fibre, réveillait d’insolites confiances.

— En un sens, le cataclysme est clément pour la vie ! fit Meyral…

Langre avala une pleine rasade pour combattre le brouillard pessimiste qui épaississait sa pensée, et mentit avec un sourire :

— Nous nous en tirerons !

Il avait pris la petite Marthe sur son genou ; il était comme un condamné à mort dont l’opium ou la morphine auraient tout ensemble exalté le sens du néant et apaisé la détresse. Une tendresse extraordinaire emplissait son vieux cœur – l’amour du père et de l’aïeul étroitement amalgamé à l’amour de la race humaine, à l’amour de toute la vie terrestre qu’enveloppait une force incomparablement plus cruelle que toutes les forces qui avaient assailli les créatures à travers les temps myriadaires.

— Allons voir nos semblables ! fit-il, mû par un désir subit et violent.