Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/17

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par un épaississement des zones ; il se reproduisit dans les diverses pièces du logis et encore dans l’escalier, éclairé au gaz. Ainsi ni l’électricité, ni la glace, ni les yeux de Meyral ne pouvaient être soupçonnés de quelque anomalie qui leur fût particulière. Il fallait recourir à des conjectures plus générales. Elles affluaient. Il était logique de songer d’abord à une singularité de la lumière. Mais qu’est-ce qui prouvait que la perturbation ne s’étendait pas à l’ensemble du milieu ? Et où s’arrêtait ce milieu ? Ce pouvait être la maison, la rue, le faubourg, la ville entière, la France, l’Europe…

Meyral tomba dans une rêverie passionnée. C’était un homme de trente-cinq ans, de la race des hommes maigres et musclés. Les yeux empêchaient d’abord de remarquer le visage : ces yeux, couleur béryl, étoilés d’ambre, étaient vigilants mais distraits, et passaient d’une confiance excessive à l’inquiétude ou au soupçon. Sa bouche écarlate annonçait une âme d’enfant, le front se